Vraisemblablement propriété de Raymond de Rabaine en 1493, la terre de Rouffiac, aussi connue sous le nom de Moléon et actuellement de La Seigneurie, n'a laissé que peu de traces dans l'histoire avant 1621, date à laquelle elle est aux mains de Jean Roy. Une dizaine d'années plus tard, elle appartient à Jean Moyne, mari d'Huguette Minuict, parente de Jean Roy. À la fin du XVII° siècle, la seigneurie de Rouffiac, qui a pris le nom de Moléon, est l'enjeu d'un long procès. Adjugée en 1676 à Jean Moyne de La Jaumetrie, qui n'en prend possession qu'en 1678, elle échoit ensuite à sa veuve, Marguerite Daudenet, remariée avec Pierre Bastide, capitaine d'infanterie. À la suite d'une transaction passée en 1744, René Bastide de Chamfort cède Moléon à Raoul-Antoine de Saint-Simon, comte de Courtomer, maréchal des camps et armées du roi, lequel s'engage à effacer toutes les dettes du vendeur et à lui laisser l'usufruit du logis. Vendue en 1764 à Guillaume Otard, négociant à Cognac, la seigneurie est aussitôt cédée au marquis Guinot de Monconseil qui fait valoir son droit de retrait lignager et qui la revend en 1769 à Charles-Louis Poitevin, plus tard président en l'Élection de Saintes, mort sans postérité en 1811. Revenu à une autre branche des Poitevin, le domaine échoit à Jules-Paul-Marie Poitevin qui l'échange en 1859 contre d'autres biens appartenant à son beau-frère, Pierre-Hippolyte du Gallois. Implantée sur la rive gauche de La Charente, sur des terres hors de portée des caprices du fleuve, La Seigneurie est une demeure des premières années du XVII siècle, que l'on découvrait, d'après un procès-verbal dressé en 1770, après avoir parcouru une avenue bordée de chênes conduisant à une porte cochère à couvrement aménagée dans un mur compris entre deux petites tours couvertes de tuiles plates faisant office de pigeonnier. Situé face à la porte cochère, entre une cour délimitée par des dépendances en partie rebâties vers 1860 et un jardin clos, le corps de logis est un petit bâtiment rectangulaire à étage et combles à surcroît, couvert de tuiles canal. Il est coupé en son centre par un pavillon dans l'œuvre couvert d'ardoises qui renferme un vestibule accessible par une porte d'entrée à fronton triangulaire brisé dont le linteau a été retouché, ainsi qu'une chambre chauffée dans sa partie supérieure. Daté de 1613 ou de 1615, l'un des graffitis que contient la chambre évoque sans doute la date de construction de cette demeure qui constitue, au même titre que les logis de Diconche et du Haut-Pérat, un intéressant maillon de la série des premières maisons nobles à pavillon central élevées aux alentours de Saintes, sur la rive gauche de la Charente.